Trafic de spores
Pendant des millénaires, la répartition géographique des espèces de champignons a peu varié : malgré leurs poids infimes, les spores se concentrent généralement à quelques mètres de leur émetteur. Le commerce international est en train de changer la donne. Des milliards de plants de toutes sortes traversent les frontières annuellement et les spores qu’ils abritent sont pratiquement indétectables. L’amanite phalloïde (Amanita phalloides), indigène de l’Europe, a suivi les importations d’épinettes de Norvège en Amérique du Nord. Les truffes de Chine (Tuber indicum), de piètre qualité, ont été malencontreusement implantées en Europe de l’Ouest où certains tirent profit de leur ressemplance avec la truffe noire (Tuber melanosporum).
Certains prétendent avoir repéré récemment des shiitakes sauvages en Nouvelle-Angleterre. Rien de surprenant : originaire d’Asie du Sud-Est, le shiitake (Lentinula edodes) se cultive aisément sur presque tous les feuillus et peuvent supporter nos gels. Nos trousses de culture sont parmi les plus en demande. On s’étonnera d’ailleurs que cette espèce ne se soit pas déjà répandue dans nos forêts.
Nous assistons à un bouleversement planétaire qui dépasse évidemment le seul règne fongique. Le shiitake est un champignon délicieux et nutritif qui contribue utilement à recycler le bois mort. Mais qu'en est-il de pathogènes exotiques qui s'attaquent à la flore indigène ?