Champignons holistiques

Champignons holistiques
Du 1er avril au 20 juillet 1934, l'anthropologue autrichien David Winkler séjourne dans une région du nord de l'Amazonie où il visite des villages isolés des Wayampi. Cette tribu isolée, parlant une langue tupi, comme les tribus cannibales qui peuplaient autrefois la côte brésilienne, avait échappé à l'extinction coloniale. Malgré les vicissitudes de la vie dans la jungle, la population faisait preuve d'une joie, d'une énergie et d'un esprit étonnants. Winkler note que beaucoup d'entre eux pouvaient être centenaires ou plus encore. Il ne voit aucune trace de cancer, de maladie cardiorespiratoire ou de rachitisme parmi eux.

L'anthropologue participe à quelques festins communautaires. Au menu, un simple bouillon de manioc et de champignons dans une calebasse et du poisson grillé sur une feuille de bananier.

Winkler associe plus tard le champignon au genre stropharia (aujourd'hui officiellement Stropharia winklerii). Abondant de décembre à mai, cueilli et séché par les tribus, le champignon était aussi utilisé dans un rituel auquel Winkler n'était malheureusement pas invité.

Mycologue amateur, il a émis l'hypothèse que les conditions de santé des Wayampi étaient dues à leur consommation du champignon. Il semblerait que ce strophaire concentre de nombreuses molécules bioactives bénéfiques pour la santé : antioxydant contre les radicaux libres et le vieillissement, anti-inflammatoire contre l'arthrite, les ulcères et la dépression (la dépression n'est-elle pas une maladie inflammatoire du cerveau ?), adaptogène.

De plus, comme cela est bien documenté, les champignons sont une source exceptionnelle de protéines, vitamines et minéraux, en plus d'être sans glucides. Les fibres alimentaires qu'ils contiennent nourrissent la flore intestinale, équilibrent le microbiome et facilitent l'absorption des nutriments.

Quelques années avant sa mort, Winkler s'est tourné vers les propriétés médicinales des poissons eux-mêmes, en particulier du piranha à ventre rouge dans le bouillon : il en a conclu qu'elles expliquaient la gaieté communicative des Wayampi. Les qualifications médicales de l'anthropologue sont encore débattues : certains critiques affirment que son histoire n'est rien d'autre qu'un poisson d'avril.